Journal
Banner rectangle 900 bellow header

Du discours de défense au discours de décision : Lecture analytique du discours royal et de la nouvelle dynamique onusienne autour du Sahara marocain

Par : Dr. Mohamed Aqabli – Président de la Commune d’Aguelmous

Le discours prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le 5 novembre 2025, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Marche Verte, s’inscrit dans un contexte diplomatique inédit. En effet, quelques jours auparavant, le 31 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté un nouveau texte considérant explicitement l’initiative marocaine d’autonomie comme l’unique solution sérieuse, réaliste et définitive au différend du Sahara. Ce rapprochement entre le discours souverain et la nouvelle résolution onusienne permet de repenser la relation entre légitimité nationale et reconnaissance internationale, constituant ainsi une avancée stratégique majeure dans la gestion du dossier.

Cette analyse adopte une approche méthodologique croisée, mêlant l’analyse du discours politique à la lumière de la pragmatique argumentative, et l’examen des politiques publiques à partir du contenu du texte onusien. Ce double regard permet de saisir les principales lignes de force du discours royal, en les resituant dans la dynamique institutionnelle et diplomatique internationale, tout en mettant en évidence le passage d’un discours explicatif à un discours prescriptif, révélateur d’un tournant dans la stratégie marocaine.

– Portée du discours royal : affirmation de souveraineté et production de normativité politique

Le discours royal marque une rupture nette avec la rhétorique défensive traditionnellement associée au dossier du Sahara. En affirmant que « l’initiative marocaine d’autonomie n’est pas une option parmi d’autres, mais bien la seule solution politique, sérieuse, réaliste et définitive », le Souverain élève ce projet au rang de doctrine souveraine, transformant le cadre de négociation en une logique d’adhésion plutôt que de confrontation. Ainsi, le Maroc ne se contente plus de défendre son initiative ; il en fait le socle d’une politique de reconnaissance et d’effectivité.

Le discours comporte également une dimension adressée à l’Algérie, invitée formellement par le Roi à réengager un dialogue franc et pragmatique, « dans une logique gagnant-gagnant ». Cette orientation s’inscrit dans une vision stratégique qui articule souveraineté et ouverture, et qui cherche à transformer les tensions régionales en opportunités de coopération. Dans un contexte marqué par la consolidation du soutien international au Maroc, cette invitation représente à la fois un geste diplomatique et une démonstration d’assurance politique.

Banner 500 middle of post

– Implications de la nouvelle résolution onusienne : de l’ambiguïté procédurale à la voie unique de règlement

La résolution adoptée par le Conseil de sécurité à la majorité de 11 voix, sans opposition, marque un tournant historique. Elle affirme que « l’autonomie sous souveraineté marocaine constitue la solution la plus viable au différend régional », tout en prolongeant le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, conditionné par une évaluation stratégique dans les six prochains mois. Ce langage met fin à la période d’ambiguïté procédurale qui avait dominé les résolutions antérieures et introduit un cadre normatif engageant.

La résolution ne se limite pas à l’aspect politique ; elle ouvre aussi une brèche juridique et humanitaire en demandant à l’Algérie de permettre l’enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf, conformément au droit international humanitaire. Elle prévoit également que les futures négociations pourraient se tenir aux États-Unis, confirmant la montée d’un nouvel acteur structurant dans le processus. Une telle disposition confirme l’émergence d’un « nouveau consensus opérationnel » où le Maroc apparaît désormais comme l’acteur pivot du règlement.

– Défis d’exécution et perspectives stratégiques : de la décision au déploiement souverain

Le discours royal redéfinit les priorités nationales autour d’un impératif de mise en œuvre. Le véritable enjeu, désormais, consiste à traduire le projet d’autonomie en architecture institutionnelle opérationnelle dans les provinces du Sud, en renforçant les capacités politiques, législatives et socio-économiques locales. Ce qui est en jeu, c’est la transformation du gain diplomatique en réalité de gouvernance territoriale, via un cadre législatif avancé, une action publique accélérée et une attractivité économique renforcée.

Les défis demeurent toutefois significatifs : maintenir une posture d’apaisement avec l’Algérie malgré le déséquilibre actuel des soutiens internationaux, capter des partenariats engageants avec les acteurs globaux, et neutraliser toute tentative de déstabilisation informationnelle ou humanitaire. C’est sur ce terrain que le Maroc devra consolider une nouvelle grammaire de souveraineté active, où l’efficacité de l’autonomie sera évaluée sur la base d’indicateurs concrets, à la fois démocratiques, économiques et diplomatiques.

Le 31 octobre 2025 consacre un moment fondateur : celui du passage de la légitimité à l’effectivité. Ce “moment marocain” révèle un basculement stratégique, où le Royaume ne se contente plus de convaincre le monde de la validité de sa solution, mais impose un cadre international qui l’entérine. Le Roi Mohammed VI a ainsi situé l’avenir du Sahara marocain non dans la seule gestion du passé, mais dans la construction d’un futur juridiquement stable, politiquement ancré et économiquement prometteur.

قد يعجبك أيضا
اترك رد

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني.